Éduquer à l’espionnage numérique

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  • Facebook scrute votre activité et revend votre profil à d’autres sociétés
  • La facture détaillée du téléphone donne l’heure, le n° composé et la durée de chaque appel
  • Votre appareil mobile est sans cesse localisé
  • Le loueur de films ou le libraire par Internet stocke la liste de ce que vous regardez ou lisez
  • Le cloud que vous utilisez est un réservoir de données vous concernant
  • Google analyse sans cesse votre activité et vos recherches
  • Vos achats sur Internet sont stockés et croisés
  • Votre carte bleue trace les achats que vous faites et dans quels endroits
  • La vidéosurveillance vous guette à tous les coins de rue
  • Vos déplacements en transports en commun sont connus
  • Vos connexions ou vos activités sur n’importe quels terminal, application informatique ou réseau sont stockées
  • Participer physiquement à une manifestation dans la rue laisse moins de traces que d’échanger sur Internet avec une autre personne

Nous vivons dans un monde d’espions automates, de traces numériques que nous ne contrôlons plus, ni leur existence, ni leur usage.
Comment nos enfants vont-ils y grandir ?
Inventeront-ils des moyens sans cesse plus sophistiqués de lutte contre cette observation permanente ? Des formes nouvelles de leurre des instruments de surveillance ?
Feront-ils avec ? Admettront-ils une certaine perte de leur intimité ou simplement de leur espace privé ? Redessineront-ils la limite entre le public et le personnel ?

J’ai peur qu’ils s’en accommodent, mais peut-être n’est-ce que la crainte de quelqu’un qui a vingt ou trente ans de plus et qui conçoit autrement la vie privée.

En tout cas, je veux qu’ils soient conscients, pleinement conscients, de l’existence de cet espionnage et de ses conséquences.
Je les « coince » ainsi régulièrement avec les outils qui sont à ma disposition : tu as téléphoné à tel moment, à telle personne ; tu as regardé tel film, tel jour, sans nous en parler, alors que tu devrais être en train de travailler ; tu as accédé à tel site sur Internet ; etc.

Je me rends compte de la perte d’intimité qu’ils ressentent, que je leur inflige. Je sais aussi que je les poursuis comme jamais personne ne m’avait « traqué » moi-même à leur âge. J’ai un sentiment de culpabilité à ne pas respecter cette part de leur vie qui est la leur et uniquement la leur.

Mais je me dis qu’ils sont ainsi avertis de la manière dont l’environnement numérique de notre monde les épie, sans cesse.
Et que ce qu’ils arrivent à me cacher est le fruit de leur apprentissage pour s’en préserver.

Une réflexion au sujet de « Éduquer à l’espionnage numérique »

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