Quelques remarques d’un citoyen lambda sur les débats de la présidentielle

Quelques remarques sur ce qui s’est dit dans l’émission « Des paroles et des actes » du 11 avril 2012 sur France 2.

Passage de M. Dupont-Aignan

Discuter pour rien

M. Lenglet présente deux graphes :

le PIB comparé de pays de la zone Euro et de pays hors zone Euro :

L’évolution de l’emploi industriel de pays de la zone Euro et de pays hors zone Euro :

En dehors de la validité ou de la comparabilité des chiffres eux-mêmes sur lesquels je n’ai a priori aucun avis éclairé, deux remarques :

  • Ce n’est pas parce qu’on place le signe « € »  qu’on établit une corrélation entre des évolutions de PIB ou d’emploi et une monnaie. L’établissement d’une corrélation demande une étude statistique dont je ne vois nulle trace ici.
  • Même si la corrélation était établie, ces schémas et l’objet de la discussion entre M. Lenglet et M. Dupont-Aignan portaient sur l’impact de la monnaie sur le PIB ou l’emploi. Or établir une corrélation n’établit pas une cause : en quoi démontrer quoi que ce soit sur l’impact de la monnaie avec de tels schémas ?

On peut ainsi discuter le pour et le contre sans aucun fondement sur la légitimité de cette discussion. Donc aucun intérêt pour les arguments qui ne sont que pure rhétoriques d’un côté ou de l’autre. On est dans la simple tentative de laisser des impressions : s’est-il bien défendu, cela paraît-il cohérent, etc.

La dette de la France et les banques

Comme d’habitude, les banques sont prises comme bouc-émissaire de tous nos déboires, et notamment de la charge énorme de notre dette. Or je rappelle ce lien « à qui appartient la dette de la France » : il montre que les banques françaises ne possèdent que 14% de cette dette (les compagnies d’assurances françaises en détiennent 20%). Le reste (65%) est détenu par des étrangers : ce sont des fonds de pension, des fonds souverains, des banques étrangères, etc.

Alors quand arrêterons-nous d’entendre reporter tous les maux sur les banques ? Comme c’est facile, un bouc-émissaire. Qui propose plutôt de nous mettre en face de nos responsabilités, nous, citoyens, et en mesure de décider, nous, citoyens, sur les dépenses que nous voulons faire face à celles que nous pouvons faire ?

Les perturbateurs en classe

Pour M. Dupont-Aignan, il faudrait mettre les perturbateurs de la classe dans des établissements spécialisés. On peut remettre en question de les concentrer dans un établissement qui, même s’il est  adapté, peut aboutir à l’effet inverse de celui désiré sur de nombreux enfants : côtoiement et exemplarité de cas plus graves sur des élèves influençables, éloignement du domicile, etc.

Je mets cela en parallèle avec les baisses d’effectif et de moyens alloués aux RASED qui menacent leur existence même (j’ai très récemment vu le documentaire de la FNAREN http://www.fnaren.com/lafnarenenimages4.html et participé à un débat à ce sujet dans ma ville : très intéressant pour rentrer dans le sujet) : ce réseau est pourtant moins lourd pour l’enfant, qui suit une scolarité normale. Pourquoi ne pas vouloir simplement le maintenir ?

Passage de M. Hollande

Pas grand chose à dire, lisse et habituel. Si ce n’est de noter sa subtile marche arrière au sujet de l’accord électoral entre le parti socialiste et EELV, portant sur le démantèlement des centrales nucléaires : cela n’est qu’un accord de partis politiques qui ne l’engage en rien. Il accompagne d’ailleurs le mot « accord » par « pour les circonscriptions » : quand il répète plusieurs fois dans son discours « je suis clair, constant », il est permis d’en douter.

Passage de Mme Le Pen

L’habituelle rhétorique : un raisonnement qui paraît sensé et logique, mais le piège est dans les prémisses. Par exemple lorsqu’elle parle de l’arrêt des remboursements des IVG quelle appelle « de récidive », le prémisse est que ces personnes profitent du système au détriment des pauvres vieux sans le sou qu’on ne peut plus rembourser.

Outre l’emploi du mot « récidive » habituellement réservé au vocabulaire de la justice envers les coupables, comment peut-on utiliser l’idée implicite que faire des IVG l’un après l’autre c’est « du confort » ? Comment ignorer à ce point que ces IVG à répétition sont au contraire le signe d’une détresse ? Comment imaginer que cette détresse peut disparaître en les renvoyant à leur « responsabilité » alors que ces femmes bien souvent sont perdues ? J’ai lu il y a longtemps un livre qui m’a marqué : « Geste d’amour : L’accouchement sous X » de Catherine Bonnet. Il montre à quel point une grossesse peut être très loin d’une décision volontaire, peut être même complètement déniée par la mère jusqu’après l’accouchement. C’est le même type de compréhension qui devrait dominer pour les IVG à répétition, non une mise à l’écart.

Passage de Mme Joly

J’ai surtout retenu l’application « du principe de réalité » sur l’agrément accordé aux nourrices portant le foulard et à la dépénalisation du cannabis. Pour moi elle fait montre d’un jugement faisant appel à la raison et finalement profondément politique, dans le sens d’accorder une réalité et des principes à un moment donné. On peut être d’accord ou pas, mais au moins c’est argumenté.

Sur la dépénalisation des drogues, de quoi réfléchir plus avant : http://www.vacarme.org/article2090.html ou bien http://www.vacarme.org/article2107.html

Passage de M. Poutou

C’est le seul à parler si clairement de la participation des citoyens à la marche du pays, sujet important s’il en est et généralement oublié des autres candidats. C’est le seul aussi à tirer les conséquences sur le rôle surdimensionné du président (voir aussi ce billet). Il n’en sera pas plus audible, au contraire, mais il fait partie des discours qui peuvent peut-être, petit à petit, changer les esprits avant de changer les institutions.

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