Le président, super-héros pour les citoyens-enfants

Vous avez certainement remarqué la manière dont la plupart du temps les journalistes interrogent un candidat (généralement en le coupant, surtout en télévision) : « et le chômage, qu’est-ce que vous faites pour le chômage ?  » (par exemple l’interview d’Eva Joly sur BFM-TV).
Remplacez « chômage » par « pouvoir d’achat », « sécurité », etc. ce n’est pas important. Ce qui me frappe c’est cette manière de concevoir encore et toujours le futur président comme l’homme ou la femme qui aura pour inconcevable tâche de régler tous les problèmes au mieux, par sa seule présence et son omnipotence, de nature certainement… divine !
Mais dans le même temps ces journalistes les écoutent à peine, se ruent sur la petite phrase, fouillent chaque hésitation, les interpellent d’une manière presque péjorative, comme on recadrerait brusquement un manant sur le rôle qu’on lui assigne.
Le chaud et le froid, l’interview par la pression : prêter à ce candidat des capacités extraordinaires tout en ne lui montrant aucun respect, ni par les questions, ni par l’écoute.

Mais qui croit donc à Superman ??? Cette position dans laquelle sont enfermés les candidats, qui fait fleurir les : « moi je pense que », « il faut que », « je ferai » etc. Stérilité, surface, image.

Je ne serais disposé à suivre que celui ou celle qui ne voudra pas paraître surhumain, qui ne prendra pas une voix de stentor, de chef ou de meneur mais qui proposerait simplement avant tout de nous traiter comme des grands pour que l’on travaille ensemble à nous gouverner.

J’abhorre le super-héros qui nous sauvera comme des enfants que nous voudrions rester.

Et puis parce que tout n’est pas mauvais, quand même, voici un autre exemple d’entretien que je trouve bien plus riche, les bonnes questions posées dans le respect de la personne interrogée provoquant des réponses de qualité (ici).

 

Le vote utile ou comment ne pas voter

On voit en ce moment, comme en d’autres moments semblables, des appels à « voter utile ».
Voter utile, c’est dans une certaine mesure mettre de côté les idées et les objectifs qui sont les siens et voter pour un candidat favori qui représenterait la meilleure chance d’éloigner ceux dont on ne veut vraiment pas.

Heureusement, nous sommes aidés ! Les sondages nous donnent la liste des favoris, les mêmes d’ailleurs qui feront l’objet d’une couverture plus appuyée par les médias, en fonction justement de ces sondages. On assiste alors à un classique effet de renforcement réciproque (si vous voulez sourire, ça fait du bien : http://blog.lefigaro.fr/election-presidentielle-2012/2012/01/bousculade-agitation-crepitement-de-flash.html).
Je ne reviendrai pas sur le fait qu’un sondage ne donne pas une image de la réalité mais juste des réponses à des questions, qu’il peut être instrumentalisé par les sondés et peut souvent ne pas correspondre à la réalité qu’il cherche à prédire (1). Toujours est-il que cet outil devenu omniprésent tente de deviner, à partir de réponses à des questions fermées, les attentes et orientations de nos chers, très chers concitoyens.

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Eva Joly et la rhétorique

Hier soir je suis allé au premier meeting électoral de ma vie (il était temps !). Celui d’Eva Joly au Bataclan, la « nuit de l’égalité ».

Public diversifié, nombreux, même si le Bataclan n’est pas le Zénith.

Après un petit discours un peu criard de Cécile Duflot (et quelques sifflets au début qui montrent l’ambiance au sein du parti EELV), peut-être destiné à chauffer la salle, un long discours lu par Éva Joly sur un ton un peu monotone. Intéressant, cheminant de manière argumentée pour démontrer pourquoi l’égalité devient un pilier de sa campagne. Mais bien loin d’une tribune épique et de la rhétorique combative auxquels les hommes et femmes politiques nous ont habitués. (le visionner ici)

Lorsque Cécile Duflot a levé la main d’Éva Joly pour répondre aux applaudissement de la salle, on sentait bien que cette dernière n’était pas très à l’aise. Ça me plaît.

J’ai bien peur hélas qu’Éva Joly n’aille pas plus loin que les politiques du type Rocard, Balladur, etc. (je ne me place pas sur le terrain des idées) : pas assez de slogan, d’idée simple et choc, pas assez de sentences à l’emporte-pièce.

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