Les éditeurs au tournant du numérique

Depuis quelques temps en France, en clair depuis la montée en puissance de nouveaux acteurs dans le monde du livre (Amazon, Apple, Google), le rôle de l’éditeur dans un contexte numérique est souvent remis en question. Décriés tant par des lecteurs que par des auteurs ou des pure player de l’édition, les travaux législatifs sont parfois dépeints comme inadaptés. Et l’on y verrait l’empreinte du lobbying des gros éditeurs établis au détriments de tous les autres acteurs, y compris en fin de compte de la culture.

Effectivement, en suivant une pente, souvent présente sur Internet, de dénonciation des positions acquises ou de complots des puissances installées de l’édition contre le citoyen-lecteur-auteur, on peut lire régulièrement des articles ou commentaires appelant à la libération de la culture, à la baisse du prix pour le lecteur et à la hausse de la rétribution pour l’auteur, tout en desserrant l’étreinte trop étouffante de l’éditeur « établi ».

Karl Dubost (http://www.la-grange.net/) m’a fait remarquer, en réponse à un commentaire que j’avais laissé à l’article http://n.survol.fr/n/les-editeurs-sans-drm-sur-eden-livres du blog d’Eric D. (n.survol.fr)  sur les éditeurs sans DRM : « les éditeurs de livres papier raisonnent sur la vente d’un objet, donc en terme de propriété de cet objet« .

Cette courte mais vaste réponse m’a donné envie de comprendre un peu plus de quoi il retournait en fin de compte. Et finalement son explication, même si elle est vraie, ne me paraît pas épuiser le sujet.
Ce billet tente d’expliquer pourquoi.

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L’auteur, l’éditeur, le numérique et la liberté d’expression

Un livre est fait pour être lu et, pour ceux qui en vivent, apporter une rémunération suffisante aux acteurs qui participent à sa création et à sa publication.

Les acteurs classiques du livre papier sont les suivants :

  • auteur – éditeur – diffuseur – distribution – libraire/vendeur
  • plus rarement : auteur seul, contractant avec des prestataires de service (impression par exemple)

Pour être lu, un livre demande à disposer d’une certaine reconnaissance, à « sortir du lot » : c’est le rôle de l’éditeur, qui va sélectionner le texte d’un auteur, s’occuper de la production du livre papier et de son exploitation. C’est aussi le rôle du diffuseur et des libraires qui vont mettre en avant le livre ou le conseiller.

Comme dans toute relation commerciale, celui qui demande se met sous la dépendance de celui à qui il demande. Ainsi l’auteur qui généralement demande à être publié, va être sous la dépendance d’un éditeur qui lui apporte reconnaissance et rémunération. L’éditeur, de son côté, va être sous la dépendance des diffuseurs et libraires/vendeurs qui représentent le gros de ses ventes. Mais à l’inverse, un éditeur aura un certain pouvoir sur les diffuseurs et libraires s’il édite des livres qui se vendent bien ou sur lesquels est faite une promotion qui assureront des ventes intéressantes.

Avec un livre numérique, la production et la diffusion sont a priori bien plus simples et la distribution disparaît. Les acteurs peuvent être :

  • auteur – éditeur – diffuseur – libraire/vendeur (presque comme dans le livre papier)
  • auteur – éditeur – libraire/vendeur
  • auteur – libraire/vendeur
  • auteur (si celui-ci s’occupe de composer et vendre lui-même ses livres)

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